CHARTRAIN Alain


Doctorant

 

TITRE DE LA THÈSE

La fabrication de moulins à Orvieto dans l’Antiquité : une approche technologique des meules en archéologie romaine
 

DOMAINE D’ÉTUDE

La recherche d’Alain Chartrain souhaite, en s’appuyant sur les objets eux-mêmes, développer une approche technologique du travail de la pierre destiné à la production de meules rotatives antiques. Le corpus correspond en particulier, mais non seulement, à des moulins de type Pompéien. Le travail concerne plusieurs séries de petites et grandes meules issues directement du centre de production d’Orvieto. La pierre meulière provient de l’exploitation sur place sans doute d’énormes blocs erratiques ainsi que de la falaise d’une lave grise et vacuolaire, contenant des cristaux grenus et blancs de leucite. Les coulées ont été émises à partir de l’énorme appareil vulsinien (lac de Bolsena) au cours de la seconde partie du Pléistocène. Les meules relèvent en général d’ébauches abandonnées à divers état du process de production. Elles proviennent de plusieurs aires de façonnage récemment identifiées et non encore archéologiquement explorées (voir le projet ORViAMM http://www.orviamm.com). Elles sont également tirées de plateformes de travail des carrières ainsi que pour beaucoup, des collections florales de plein air disposées dans les jardins des habitants.

Parallèlement à un examen du fait manufacturier romain, dont la qualification comme « proto-industrialisation » est discutée (DARK 2001), le travail tentera d’établir puis d’analyser la chaîne opératoire qui conduit du simple bloc levé en carrière aux meules achevées et prêtes à une expédition sur le Paglia puis au long du Tibre vers Ostie, la région vésuvienne ainsi que tout l’occident Méditerranéen. La chaîne opératoire (ou plus probablement, en raison de la diversité des séries et des évolutions chronologiques, les chaînes) mènera à une approche de la production meulière dans sa dimension à la fois productive, sociale et culturelle. Elle sera conçue sous forme multidimensionnelle (actions, volumes de matière en jeu, rejets, manipulations, opérants, tracés préparatoires etc.) de façon à permettre une vision plus d’atelier que de travail individuel. Cette épaisseur de la chaîne opératoire devrait également permettre une comparabilité avec d’autres centres de production.

L’analyse vise également à identifier, au long de la chaîne, des « moments stratégiques » où les meules peuvent être amenées à observer des variations (différents modèles ou « trajectoires »), à subir un contrôle qualité, à changer de lieu de façonnage voire à passer dans des mains tierces. De tels moments, tirés de la chaîne opératoire, peuvent, de même qu’avec des traits morphologiques ou fonctionnels, constituer des marqueurs chronologiques ou culturels susceptibles d’une lecture en termes d’emprunt, d’innovation ou de tradition techniques, ceci dans la tentative d’une caractérisation techno-culturelle de la production d’Orvieto et d’en définir à la fois les racines et les originalités. La recherche entreprise espère enfin pouvoir saisir certains aspects de l’organisation productive romaine et préromaine ainsi que réaliser quelques incursions exploratoires de la pensée géométrique pratique en Italie centrale.