LPC – Fouille 2016, Alaska © Y.-A. Coutouly

Responsable du Projet
Yan-Axel Coutouly

 

La mafAK
Mission archéologique Française
en Alaska

Répondant à un appel d’offre pour des fouilles en Amérique
du Ministère des Affaires étrangères, un financement est obtenu
en 2013 pour un projet se déroulant en Alaska

Le site de Little Panguingue Creek a été initialement découvert et sondé par David C. Plaskett en 1976 et revisité par John F. Hoffecker et W. Roger Powers en 1979 et en 1984 afin de mettre à jour un profil stratigraphique complet et faire quelques sondages. En 2015, une équipe dirigée par Ted Goebel et Kelly E. Graf retournent sur le site et en 2016 la mafAK rejoint cette équipe dans le but de poursuivre la fouille.

A ce jour, deux niveaux d’occupation ont été découverts. Un premier niveau daté à c. 9710 ± 30 uncal BP (c. 11 200 cal BP) et un deuxième daté à c. 8620 ± 40 uncal BP (c. 9500 cal BP). Cette occupation plus récente est la plus complète, avec près de 4000 pièces archéologiques découvertes, dont de nombreux artefacts diagnostiques (nucléus à lamelles, nucléus à éclats, lamelles, grattoirs, burins, lames retouchées, percuteurs en pierre, pièces en obsidienne, etc.). Ce niveau d’occupation correspondrait à un atelier de taille, en se basant sur la présence de plusieurs percuteurs en pierre, de nucléus (à lamelles, à lames et à éclats), de pièces techniques (tablettes, etc.), d’éclats corticaux et d’entame, d’outils, et de très nombreux éclats et esquilles.

LPC, vue aérienne du terrain de fouille © Y.-A. Coutouly

Partenariats et financements

Reconstituer les techniques et les savoir-faire préhistoriques
et mettre en valeur des travaux qui exigent un investissement scientifique
important et dont l’exploitation, en termes de modèles interprétatifs

La mission archéologique française en Alaska (mafAK) est dirigée par Dr. Yan Axel Gómez Coutouly (UMR 7055 « Préhistoire et Technologie », France). Le projet Goodpaster est le fruit d’une collaboration avec Dr. Brian T. Wygal (Adelphi University, New York, États Unis) et Dr. Kathryn E. Krasinski (Fordham University, New York, États-Unis). A ce jour, trois institutions participent au financement de la mission :
• Le Ministère des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI).
• L’Université d’Adelphi de New York.
• Le laboratoire « Préhistoire et technologie », UMR 7055 du CNRS.

Le peuplement de l’Amérique est le fruit de diverses vagues migratoires préhistoriques, vagues venues d’Asie du Nord-Est qui se succèdent entre la fin du Pléistocène et tout au long de l’Holocène (Figure 2). Ces vagues migratoires pénètrent à travers la Béringie, c’est-à-dire le pont terrestre qui unissait la Sibérie à l’Alaska. Notre projet se focalise sur la région intérieure de l’Alaska, une région riche en sites préhistoriques. Cette région a joué un rôle majeur dans l’histoire du peuplement du Nouveau Monde. Tout d’abord, elle est traversée par le fleuve Yukon (qui y forme un axe majeur de communication). Deuxièmement, lors de l’époque glaciaire cette région était libre de glaciers faisant ainsi de la vallée de la Tanana une des rares zones habitables de l’Alaska au Paléolithique supérieur, période correspondant aux premières vagues migratoires vers l’Amérique. Dans la région intérieure de l’Alaska, les populations qui vont se sont succéder depuis le Complexe Dénali au Paléolithique supérieur jusqu’aux Indiens Athabascans des périodes historiques, sont des chasseurscueilleurs- pêcheurs nomades ou semi-nomades dont une partie de la culture matérielle est représentée par des outils en pierre taillée. Les nouvelles données laissent entrevoir un processus de colonisation du Nouveau Monde plus complexe qu’initialement supposé. Les restes préhistoriques en Alaska, notamment à la fin du Pléistocène et au début de l’Holocène, témoignent en effet d’une variabilité technologique importante et peut-être de la cohabitation de diverses traditions techniques.

La vallée de la Tanana, dans la région intérieure, est actuellement un des territoires de l’Alaska les plus riches en sites préhistoriques, avec notamment Donnelly Ridge, Campus, Healy Lake, Swan Point, Broken Mammoth, Mead ou Gerstle River. La plupart de ces sites contiennent des niveaux stratigraphiques datant du Pléistocène et certaines de ces occupations représentent les plus anciennes de l’Alaska et de l’Amérique du nord. Ces sites ont livré des industries lithiques d’une importance capitale pour comprendre les vagues de peuplement et les routes migratoires vers le Nouveau Monde, notamment Swan Point et Broken Mammoth. Outre une industrie lithique riche et diversifiée, la bonne conservation des matières organiques dans cette vallée a également permis de mettre au jour de nombreux restes de faune et de l’outillage en matière dure animale. Ainsi, les sites découverts dans cette région permettent une approche archéozoologique et une étude de la technologie osseuse qui sont rarement possibles ailleurs en Alaska. Les sites mentionnés ci-dessus sont depuis plus d’une vingtaine d’années des références majeures de la Préhistoire de l’Alaska et du Nouveau Monde. Pourtant, l’apparition de nouvelles problématiques nous mènent à chercher de nouvelles occupations préhistoriques, puisque notre connaissance de cette région clé demeure largement lacunaire. C’est dans ce contexte qu’interviens notre mission archéologique, dont l’objectif premier est la découverte de nouveaux sites préhistoriques dans la vallée de la Tanana qui viendront nécessairement combler les lacunes existantes et renouveler les problématiques actuelles.

LPC, Fouille de la  mafAK © Y.-A. Coutouly

La région intérieure de l’Alaska
Point névralgique du peuplement
du Nouveau Monde

Reconstituer les techniques et les savoir-faire préhistoriques
et mettre en valeur des travaux qui exigent un investissement scientifique
important et dont l’exploitation, en termes de modèles interprétatifs

Le peuplement de l’Amérique est le fruit de diverses vagues migratoires préhistoriques, vagues venues d’Asie du Nord-Est qui se succèdent entre la fin du Pléistocène et tout au long de l’Holocène (Figure 2). Ces vagues migratoires pénètrent à travers la Béringie, c’est-à-dire le pont terrestre qui unissait la Sibérie à l’Alaska. Notre projet se focalise sur la région intérieure de l’Alaska, une région riche en sites préhistoriques. Cette région a joué un rôle majeur dans l’histoire du peuplement du Nouveau Monde. Tout d’abord, elle est traversée par le fleuve Yukon (qui y forme un axe majeur de communication). Deuxièmement, lors de l’époque glaciaire cette région était libre de glaciers faisant ainsi de la vallée de la Tanana une des rares zones habitables de l’Alaska au Paléolithique supérieur, période correspondant aux premières vagues migratoires vers l’Amérique.

Dans la région intérieure de l’Alaska, les populations qui vont se sont succéder depuis le Complexe Dénali au Paléolithique supérieur jusqu’aux Indiens Athabascans des périodes historiques, sont des chasseurscueilleurs- pêcheurs nomades ou semi-nomades dont une partie de la culture matérielle est représentée par des outils en pierre taillée. Les nouvelles données laissent entrevoir un processus de colonisation du Nouveau Monde plus complexe qu’initialement supposé. Les restes préhistoriques en Alaska, notamment à la fin du Pléistocène et au début de l’Holocène, témoignent en effet d’une variabilité technologique importante et peut-être de la cohabitation de diverses traditions techniques. La vallée de la Tanana, dans la région intérieure, est actuellement un des territoires de l’Alaska les plus riches en sites préhistoriques, avec notamment Donnelly Ridge, Campus, Healy Lake, Swan Point, Broken Mammoth, Mead ou Gerstle River. La plupart de ces sites contiennent des niveaux stratigraphiques datant du Pléistocène et certaines de ces occupations représentent les plus anciennes de l’Alaska et de l’Amérique du nord.

Ces sites ont livré des industries lithiques d’une importance capitale pour comprendre les vagues de peuplement et les routes migratoires vers le Nouveau Monde, notamment Swan Point et Broken Mammoth. Outre une industrie lithique riche et diversifiée, la bonne conservation des matières organiques dans cette vallée a également permis de mettre au jour de nombreux restes de faune et de l’outillage en matière dure animale. Ainsi, les sites découverts dans cette région permettent une approche archéozoologique et une étude de la technologie osseuse qui sont rarement possibles ailleurs en Alaska. Les sites mentionnés ci-dessus sont depuis plus d’une vingtaine d’années des références majeures de la Préhistoire de l’Alaska et du Nouveau Monde. Pourtant, l’apparition de nouvelles problématiques nous mènent à chercher de nouvelles occupations préhistoriques, puisque notre connaissance de cette région clé demeure largement lacunaire. C’est dans ce contexte qu’interviens notre mission archéologique, dont l’objectif premier est la découverte de nouveaux sites préhistoriques dans la vallée de la Tanana qui viendront nécessairement combler les lacunes existantes et renouveler les problématiques actuelles.

LPC, nucléus à lamelles © Y.-A. Coutouly
Présentation de mafAK © Y.-A. Coutouly

← LPC, nucléus à lamelles – ↑ Terrain de fouille mafAK © Y.-A. Coutouly

Choix des zones et méthodologie

Plusieurs facteurs font que seul des sondages manuels peuvent nous permettre de découvrir de nouveaux sites dans la région de Goodpaster-Volkmar : 1) il n’existe pas de grands travaux de construction (autoroutes, pipelines, constructions d’habitats, etc.) qui permettrait des sondages mécanisés sur de grandes surfaces ; 2) l’absence de restes archéologiques en surface ne permet pas de repérer à l’avance la localisation des sites préhistoriques; 3) l’absence d’accès routier nous empêche également de procéder à des sondages à l’aide d’une pelle mécanique. Ainsi, le choix des zones à sonder et à fouiller se base sur la topographie des lieux. La forte sédimentation (jusqu’à plus de 2 mètres) ralentit la progression de la fouille (entièrement manuelle). Pour toutes ces raisons, il s’agit d’une entreprise exploratoire et audacieuse qui peut nous permettre de renouveler la panoplie des sites connus dans la région intérieure de l’Alaska.

L’accès à Goodpaster (Figure 4) est relativement compliqué, l’accès se faisant uniquement par bateau ou hélicoptère. Notre démarche consiste à sonder les promontoires surplombant les lacs ou les rivières, l’objectif étant à terme d’élargir les sondages les plus riches en matériel. Ces promontoires font l’objet de toute notre attention car nous savons par expérience qu’il existe une très forte probabilité de trouver des occupations humaines sur ces reliefs, comme l’ont montré les sondages réalisés ces trois dernières années. Notre projet ne prévoit pas de faire des sondages au sein des plaines car ce sont des terrains généralement marécageux et les éventuels sites sont trop profondément enfouis et trop largement perturbés à cause des puissantes crues répétées de la rivière Tanana. De plus, les petits promontoires n’hébergent pas uniquement des sites de courte durée ou des haltes occasionnelles, puisque des habitations ont également été découvertes sur ces reliefs. Concrètement, lors de la fouille (pouvant facilement atteindre 2 à 3 mètres), la stratigraphie naturelle est prise en compte. Grâce à la finesse des dépôts (essentiellement du loess), tous les sédiments sont tamisés à sec.